Louna est une petite fille pleine d'imagination. Elle aime les contes de fées, les elfes, les lutins, les étoiles. Louna aime inventer des histoires, les dessiner, les écrire, les raconter. Sa créativité fonctionne à chaque instant. A vrai dire, on pourrait croire que c'est super, une petite fille si réfléchie, qui sait inventer tout un tas de choses. Oui, et non. Parce qu'au contraire, il lui arrive si souvent de s'inventer des histoires qui lui font peur, des histoires catastrophes durant lesquelles elle s'imagine toute seule, sans personne, suite à une quelconque catastrophe planétaire. Le moindre mot, la moindre phrase peut enclencher chez elle tout un processus qui l'angoisse rien que par le biais de ses nombreuses idées ...

Pour Louna, l'hôpital, c'est un peu sa seconde maison. Pour elle, c'est pas si terrible que ça. Elle aime beaucoup les infirmières, les médecins, et tout le monde, en fait. Elle les trouve super gentil, et puis elle sait qu'ils vont essayer de soigner sa maladie qui la fatigue tout le temps. Elle leur fait tout pleins de dessins, même qu'elle se demande s'ils ont encore de la place pour les mettres ! Parfois, elle dit qu'elle aimerait bien que sa vraie maison soit juste à côté de l'hôpital : comme ça la journée, elle ferait les examens et les traitements, et la nuit elle serait chez elle. Pour elle, c'est pas si compliqué. L'hôpital, c'est l'endroit où elle peut être malade sans que maman et papa n'aient peur dès qu'elle dit "J'ai mal ici". Bref, elle aime plutôt bien l'hôpital. Même si parfois, elle aimerait ne pas avoir à y venir aussi souvent.

Un jour, Louna regardait la fenêtre. Il pleuvait, et elle serrait son chat contre elle. Sur son dos, des tas de couvertures, pour qu'elle ne prenne pas froid. Son regard se promenait sur le sol de la terrasse. Elle comptait les gouttes, et une, et dix, et cent. Et puis, elle a vu une coccinnelle, une toute petite coccinnelle de rien du tout. Une goutte est tombée, et plouc, la petite coccinnelle était noyée. Louna, du haut de ses trois ans, s'est mise à pleurer, horrifiée. Elle voulait qu'on sauve la coccinnelle, qu'on la fasse revivre. Depuis ce jour, Louna a décrété que le plus horrible, c'était de se noyer. Et, même si elle ne l'avoue pas, elle craint toujours qu'une goutte plus grosse qu'elle lui tombe dessus, un jour, et qu'elle finisse comme cette pauvre petite coccinnelle.

La vie, en fait, c'est simple : tu prends une peluche, tu lui donne un prénom et tu lui parles. Là, t'as ton meilleur ami. Ensuite, tu prend une trousse et un cahier, et tu dessine. Là, t'as de quoi livrer tout tes secrets. Ensuite, tu prends de la pluie et du soleil, et tu les mélange. Là, t'as un arc en ciel. La vie, en fait, c'est un arc en ciel. T'as le soleil, tout ce qui est joyeux, les amis, les infirmières, la famille, les cadeaux, les médicaments pour soigner, le soleil, les fleurs. Et t'as la pluie, ce qui est triste, la maladie, les méchants, les ennemis, le noir, les pleurs, les inquiétudes. Pour Luna, faut les deux, sinon on serait trop heureux, ou bien trop triste. Elle dit que si t'as que tu soleil dans ta vie, bah tu ne comprendras jamais pourquoi la pluie existe. Mais pour l'instant, elle n'a dit à personne pourquoi la pluie existe ...